Nous parlons constamment de "révolution numérique" et de tous les changements substantiels qu'elle engendre, mais rarement de "pollution numérique". Une conséquence alarmante et tellement évidente, pourtant il est si difficile d’en assumer collectivement la responsabilité.
La part d'internet dans les émissions GES (Gaz à effet de serre) s'élève à 4 %, soit 50 % de plus que celles des transports aériens. Le secteur informatique consomme 9 % de la production mondiale d'électricité (source). Il est étonnant de constater que l'on "pollue" plus en surfant sur le net qu'en prenant l'avion.
Le secteur de l'hôtellerie, comme la majorité des autres secteurs économiques, approuve la nécessité de suivre le courant de la dématérialisation. Ce projet, porté par la volonté de mettre en valeur l'expérience client, occulte la prise en compte des engagements éthiques et environnementaux en matière de consommation d'énergies, d'eau et de ressources.
L'hôtellerie, un secteur transformé par le numérique
L'industrie hôtelière ne peut pas être condamnée de vouloir s'adapter à la digitalisation de la société, et de survivre à un monde de mutation technologique. Il convient d’ailleurs de saluer l'effort collectif accompli par les hôteliers en vue d'essayer de rester "humain" à l'ère du numérique.
De cette nécessité technologique, plusieurs outils digitaux et solutions numériques ont vu le jour et sont vite devenus incontournables. Avec leurs business modèles minutieusement étudiés, ces innovations répondent au besoin d'apporter des expériences uniques et de pousser le service hôtelier à un haut niveau de personnalisation.
Pour les hôteliers, ces outils sont révolutionnaires quant à la compétitivité concurrentielle, à l'efficacité des opérations et à la réduction des coûts d'exploitation liés aux modes de fonctionnement "traditionnels".
Ce qui est le plus critique dans cet environnement en pleine métamorphose et réorientation, c'est de réussir à créer un écosystème équilibré et responsable qui répond à la fois à la croissance massive des modes de consommation et aux enjeux du développement durable.
Si ces opportunités digitales et numériques paraissent aujourd'hui irremplaçables, il convient de rappeler leurs impacts écologiques non négligeables.
Prenant l'exemple de la vidéo en ligne, s'imposant de plus en plus comme élément phare de la consommation hôtelière (plateformes streaming, YouTube, vidéos hébergées par les réseaux sociaux). Selon un rapport émis par le think tank The Shift Project en 2019, une heure de consommation de vidéos en ligne est l'équivalent de 100 g de CO2, soit l’émission d’un ventilateur de 75 W utilisé pendant 6 heures en Europe.
La question se pose de savoir comment consommer le numérique d'une manière responsable ?
10 best practices pour une consommation numérique responsable en hôtellerie
L'adoption d'une démarche de consommation numérique responsable en hôtellerie est seulement possible si l'on arrive à instaurer une conscience environnementale globale partagée par tous les acteurs qui font partie de cet écosystème. Si les hôteliers se donnent la responsabilité de créer et de mettre en place une panoplie d'actions en faveur de l'environnement et de la consommation responsable, ils s'attendent en contrepartie à un engagement mutuel de la part de leurs clients.
Dans le cadre de cette démarche d'amélioration continue qui vise à limiter l'impact environnemental de la consommation numérique, plusieurs actions peuvent être adoptées à cet effet :
- Pensez à éteindre les équipements que vous n'utilisez pas : Ordinateurs et imprimantes en dehors des heures de travail. Il serait aussi pertinent d'utiliser des multiprises avec interrupteurs pour vous faciliter la tâche.
- Pensez à activer le mode "économie d'énergie" sur vos ordinateurs et téléphones.
- Privilégiez le réseau Wifi. La 4G consomme 23 fois plus d'énergie que le Wifi.
- Optimisez l'usage des appareils et pensez aux solutions tout en un (Ex : Imprimantes multifonctions, smartphones avec doubles SIM).
- Faites le tri de vos déchets électriques et électroniques. À défaut de pouvoir le faire en interne, confiez cette mission à des sociétés spécialisées.
- Prolongez la durée de vie des équipements en privilégiant le matériel reconditionné. Il existe plusieurs labels high tech pour vous guider à choisir des équipements durables, économes et réutilisables : Label NF environnement, Ecolabel, Label TCO Certified, Label Energy Star.
- Pensez à vider les caches de votre navigateur et enregistrez vos pages de recherche favorites afin de les retrouver facilement. Saviez-vous qu'une recherche sur Google génère l'équivalent de 7 grammes de CO2 ?
- Rappelez à vos clients les écogestes à adopter en chambre : Télécharger les vidéos au lieu de les regarder en streaming, réduire la résolution des vidéos, utiliser le réseau Wifi au lieu de la 4G …
- Privilégiez le stockage de vos données en local et supprimer les données inutiles.
- Choisissez un moteur de recherche moins carbonivore. Face au géant Google, il existe plusieurs alternatives éthiques et écologiques : Ecosia, Lilo, Qwant …
L'infogérance réseau, une démarche stratégique pour un numérique responsable
Le Wifi déployé dans votre hôtel est lié à un réseau de systèmes de télécommunication et à une architecture matérielle dédiée (Routeurs, switchs, passerelles Wifi, bornes Wifi, câbles réseau ...). Les processus d'acheminement et d'installation impliquent des modes de fonctionnement précis et des ressources énergétiques indispensables à la production.
"Aujourd'hui le Wifi c'est comme l'eau chaude dans un hôtel", c'est ainsi que le décrivent les hôteliers. Étant d'une importance majeure en hôtellerie, le Wifi est tout simplement irremplaçable. L'enjeu écologique est néanmoins là : L'empreinte GES du numérique pourrait augmenter de plus de 60 % d'ici 2040, soit 6,7 % de l'empreinte GES nationale (Arcep, rapport décembre 2020 : Pour un numérique soutenable). Une conséquence inévitable si rien n'est fait pour améliorer les modes de consommation.
L'infogérance réseau représente, dans ce contexte contrarié, une décharge de responsabilité des hôteliers sur les problématiques écologiques induites par le numérique. En effet, le modèle du "Wifi managé", comme le propose IPEFIX, engage l'opérateur sur un ensemble de mesures et de mises en conformité, guidant la gestion de ses projets de connectivité.
Propriétaire des équipements et de toute l'infrastructure réseau, le défi de l'opérateur Wifi est d'assurer la durabilité et la pérennité de ses solutions, en réponse aux mouvements que connaît le marché, en l'occurrence, l'évolution de la conscience écologique.
Ce modèle de gestion Wifi, offre l'avantage d'optimiser la durée de vie des équipements et de lutter contre l'obsolescence programmée. Ceci est mené par des efforts considérables en recherche et développement ainsi qu'en innovation.
Grâce à la centralisation de la gestion des équipements, l'opérateur obtient plus de flexibilité dans la planification et dans la mise en place d'une vraie stratégie circulaire quant au recyclage, à la réutilisation et à l'entretien du matériel.
Ce travail d'optimisation n'est pas lié uniquement aux solutions matérielles, mais se traduit par des méthodologies et des processus pré opérationnels minutieux. Ici, la phase de la conception est stratégique. La création du réseau Wifi sur mesure passe par la mutualisation de plusieurs sous-réseaux pour créer un seul parc réseau cohérent et sécurisé.
La création des VLANs en est un bon exemple. En effet, ils permettent de concevoir des sous-réseaux, chacun indépendamment responsable d'un service en particulier (Wifi client, Wifi administratif, Téléphonie IP, Chromecast, ...). L'ensemble de ces réseaux est connecté sur un seul switch. Ce principe de mutualisation est sans doute la preuve d'une consommation numérique responsable, visant à réduire le nombre des équipements, de maîtriser les coûts ainsi que de limiter l'impact écologique de la solution déployée.
Conclusion : Les efforts menés par les opérateurs à instaurer un modèle de consommation numérique responsable doivent être consolidés par une forte implication des hôteliers sur les questions liées au reconditionnement et à la lutte contre le gaspillage matériel. "Reconditionné" n'est en aucun cas synonyme de "moins performant".
L'évolution massive de la technologie et la vitesse explosive de la mise en marché des nouvelles solutions technologiques, laissent penser que nous avons constamment besoin d'une remise à niveau. Or, la mise en place d'une démarche Green IT repose fondamentalement sur le principe de la durabilité.